DU MEXIQUE, LETTRE DE SOUTIEN À LA LUTTE DE
NOTRE DAME DES LANDES, FRANCE
30 octobre 2012
Aux gens de Notre-Dame des Landes et de la France en
résistance À l’ACIPA, à l’ADECA, à la coordination des opposants au projet
d’aéroport, Aux associations « COPAIN », aux habitants et habitantes qui
résistent et à tous les occupants et occupantes de « la Zone à défendre » ZAD,
Aux médias alternatifs et sincères, à l’Autre Campagne et
à la Sexta Internationale, Aux luttes contre les mégaprojets et pour la défense
de la Terre de toutes les parties du monde
Ici, au Mexique, c’est rage et indignation que nous
ressentons après avoir été informés de l’expulsion et de la destruction de
maisons, de forêts et de terres de culture par la police française à Notre-Dame
des Landes, depuis le 16 octobre dernier. Une zone agricole est menacée par le
gouvernement socialiste français et son premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui
veut imposer sur ces champs de l’ouest de la France un nouvel aéroport de
taille internationale, et ce malgré l’opposition des paysans et des paysannes,
des jeunes et d’une bonne partie de la population. Nous savons que ce chantier
est complètement inutile vu qu’il y a déjà beaucoup d’aéroports en France, et
nous sommes au courant du réchauffement climatique global provoqué par la
multiplication des avions que seuls les riches peuvent se payer. Nous savons
aussi, car ils voulaient l’imposer aux villages d’Atenco dans l’État de Mexico,
que la construction d’un aéroport entraîne à elle seule la convoitise pour les
terres, l’urbanisation accélérée et l’implantation d’industries dans des zones
encore rurales, où l’environnement a été préservé. Ce que ces projets amènent,
c’est la division et le contrôle social de la population, et encore une fois ce
sont les paysans qui se retrouvent spoliés par des constructions imposées de
force et uniquement destinées aux gens de la ville ayant beaucoup d’argent.
Malgré l’énorme distance qui nous sépare, nous voulons
vous dire que nos luttes sont semblables : votre lutte est un miroir de la
situation de pillage que nous vivons sur nos terres. Il est important pour nous
de nous informer de ce qui arrive en Europe, parce que ce sont des modèles
qu’on veut nous imposer ici aussi et que nous non plus, nous ne voulons pas
perdre nos terres, nos territoires et nos modes de vie.
Nous voulons vous dire également qu’au Mexique, nous
luttons aussi contre le pillage des terres, comme c’est le cas des communautés
de Tila et de Bachajon au Chiapas, où les terres sont menacées d’être spoliées
pour des projets touristiques, ou bien encore dans l’Isthme de Tehuantepec, où
les terres sont enlevées aux villages indigènes ikoots et binniza, et où sont
imposées des centaines et des milliers d’éoliennes produisant de l’énergie pour
les multinationales et où, tout comme à Notre-Dame des Landes, la police est
envoyée pour surveiller les chantiers ; ou encore à Huexca, dans l’État de
Morelos, où des CRS ont été envoyés il y a quelques jours pour imposer un
gazoduc et une usine thermo-électrique d’une entreprise espagnole, et cela
malgré les risques liés à la proximité du volcan Popocatépetl ; comme à Atenco,
où le projet d’aéroport est toujours d’actualité ; comme ce qu’il se passe
contre les communautés zapatistes au Chiapas, que le gouvernement veut
déposséder des terres récupérées grâce au soulèvement de 1994 ; comme, enfin,
dans des dizaines et des centaines d’autres villages et de communautés partout
au Mexique, où ils nous dépossèdent de la terre et nous imposent des projets de
mort, mines à ciel ouvert, barrages hydroélectriques, autoroutes, « villes
rurales », et tant d’autres projets de « développement » qui cherchent à en
finir avec nos communautés et nos terres collectives.
Ces projets inutiles bénéficient seulement aux
entreprises telles que OHL, ENDESA, GAMESA, EDF, MALL, GOLDCORP, BLACKFIRE,
IBERDROLA, MONSANTO, parmi d’autres. C’est à cause de ces entreprises qu’ils
nous répriment et nous envoient la police et les CRS ; mais aussi qu’ils
corrompent, achètent les élections et imposent des gouvernements, comme cela
fut le cas du président Enrique Peña Nieto et de tant d’autres marionnettes
politiques. Leur cupidité et leur désir sans limites d’imposer ces mégaprojets
en arrivent même à l’ignominie d’instrumentaliser des groupes paramilitaires,
d’imposer les cartels de la drogue et de payer des tueurs à gage pour nous
assassiner.
Partout dans le monde, chaque jour nous voyons plus
clairement jusqu’à quel point peuvent en arriver ceux d’en haut afin de mettre
en place des politiques qui piétinent les peuples au bénéfice du pouvoir
économique. Ils sont capables d’inventer une guerre d’extermination contre tous
ceux qui s’opposent comme nous à leurs plans de mort. Mais chaque fois qu’ils
nous frappent, nous sommes encore plus conscients du système destructeur auquel
ils veulent nous soumettre.
Compagnons et compagnes, nous ne fraternisons pas
seulement dans la lutte contre la répression : nous voyons aussi que nous
partageons la même conscience que notre planète n’appartient pas aux hommes
politiques et aux riches qui sont leurs collègues, mais bien aux peuples et aux
êtres
vivants qui l’habitent. Nous partageons aussi la pleine
conscience du fait que nous luttons partout contre ces gouvernements qui se
disent démocratiques mais qui nous imposent ces projets, nous divisent et nous
détruisent pour satisfaire la dictature de l’argent.
C’est pour cela que nous voulons vous donner du courage
dans votre lutte, dans cette étape difficile où ils saccagent vos maisons et
vos terres. Nous voulons vous dire que bien que nous ne soyons pas près de
vous, vous n’êtes pas seuls et seules. Nous sommes très nombreux à lutter jour
après jour contre ces projets de mort pour défendre nos terres, nos territoires
et nos façons d’être, c’est-à-dire pour défendre la vie. Nous sommes très
nombreux à lutter contre les entreprises transnationales et les gouvernements
corrompus. Ce qu’il nous manque seulement, c’est de nous rencontrer, nous
écouter et mieux nous solidariser dans la lutte. C’est le moment de réfléchir
et de nous organiser face à la soumission à laquelle ils nous condamnent. C’est
le moment de nous retrouver sur cette planète qui se rebelle.
COMPAGNONS ET COMPAGNES :
NOUS NE SOMMES PAS SEULEMENT QUELQUES-UNS, NOUS SOMMES DES MILLIERS!
PAS UN PAS EN ARRIÈRE!
NOUS SOMMES AVEC VOUS !
À BAS LES PROJETS DE MORT ¡
NOUS NE SOMMES PAS SEULEMENT QUELQUES-UNS, NOUS SOMMES DES MILLIERS!
PAS UN PAS EN ARRIÈRE!
NOUS SOMMES AVEC VOUS !
À BAS LES PROJETS DE MORT ¡
VIVE LA SOLIDARITÉ !
VIVE LA LUTTE DE NOTRE-DAME DES LANDES !
VIVE LA LUTTE CONTRE LES MÉGAPROJETS INUTILES!
VIVE LA LUTTE DE NOTRE-DAME DES LANDES !
VIVE LA LUTTE CONTRE LES MÉGAPROJETS INUTILES!
Signatures:
COLLECTIFS ET ORGANIZACIONS DU MEXIQUE
Collectif à l’initiative du forum « Mexique - Europe: ils
ne passeront pas »; Front des Villages en Défense de la Terre (FPDT), Atenco ;
Assemblée des Villages Indigènes de l’Isthme en Défense de la Terre et du
Territoire (APIIDT), Isthme de Tehuantepec ; Organisations Indigènes pour les
Droits Humains à Oaxaca (OIDHO), Oaxaca; Communautés Paysannes et Urbaines
Solidaires (COMCAUSA) ; collectif « la Rébellion de Tehuantepec », Isthme de
Tehuantepec ; Groupe Solidaire de la communauté La Venta, Isthme de Tehuantepec
; Union des Communautés Indigènes de la Zone Nord de l’Isthme (UCIZONI) ; Radio
Communautaire « Las voces de los pueblos » 94.1 Matias Romero, Oaxaca ;
Assemblée Nationale des Victimes Environnementales (ANAA) ; Alliance Mexicaine
pour l’Autodétermination des Peuples (AMAP) ; Mouvement Agraire Indigène
Zapatiste (MAIZ) ; Réseau National de Résistance au prix cher de l’électricité
(Mexique) ; Réseau Mexicain d’Action face au libre-commerce (RMALC) ; Lien
Urbain de la Dignité, Puebla ; Nœud des droits humains, Puebla ; Secteur
National Ouvrier et des Travailleurs de la Ville, des Champs, de la Mer et de
l’Air de l’Autre Campagne ; Syndicat National des Travailleurs d’Uniroyal ;
Coalition des Travailleurs Administratifs et Académiques du Syndicat des
Travailleurs de l’Université Nationale Autonome de Mexico ; Collectif Action
intelligente des chômeurs, étudiants et travailleurs ; Centre autonome
d’apprentissage et de formation politique des travailleurs et travailleuses de
l’Autre Campagne ; Dorados de Villa ; Communauté Autonome Ernesto Guevara de la
Serna ; Communauté Autonome Ollin Alexis Benhumea Hernández ; Secteur des Travailleurs
de l’Autre Campagne-Oaxaca ; La Otra Huasteca Totonacapan ; Brigade de rue de
soutien à la femme « Elisa Martínez », A.C. ; Réseau Mexicain du Travail Sexuel
; Espace social et culturel LA KARAKOLA (Mexico DF) ; collectif POZOL, Tuxtla
Gutierrez ; Zapateando (média libre adhérent de l’Autre Campagne) ; Agence
d’Information Indépendante Noti-Calle ; Notilibertas ; émission radio « Les
fils de la Terre » ; revue La Guillotina, Mexico, D.F. ; Croix noire Anarchiste
de México ; Nodo Solidale Mexico ; Collectif Azcapotzalco, Mexico DF ;
Coordination Nationale « Plan de Ayala »-Mouvement National (CNPA-MN) ;
Organisation zapatiste « Education pour la libération de nos Peuples » ;
collectif « Caracol Matlatl », Toluca (Etat de México) ; revue électronique Désinformémonos
; Kolektivo « de Boka en Boka», San Cristobal (Chiapas) ; Commune autonome de
San Juan Copala, Oaxaca ; Comuneros du village de San Pedro Atlapulco (Etat de
México) ; Centre des Droits Humains Digna Ochoa, A.C. (Tonala, Chiapas) ;
Conseil Autonome de la zone côtière du Chiapas ; Front civique Tonaltèque AC
(Tonala, Chiapas) ; Réseau contre la Répression et pour la Solidarité –
Chiapas.
INDIVIDUS
Manuel Antonio Ruiz, Lycée communautaire José Martí ;
Ricardo Alvarado (Toluca, México) ; Sonia Voisin (Lyon, Francia), Priscila
Tercero, Adhérantes de l’Autre Campagne ; Gloria Muñoz Ramírez; Marcela Salas
Jaime Quintana ; Sergio Castro ; Adazahira Chávez ; Felix Garcia Lazcarez ; Dr.
Alfredo Velarde Saracho ; Elsa Mocquet, La Milpa, A.C. (San Cristobal, Chiapas)
; Alèssi Dell’Umbria (Marsella-Oaxaca)
COLLECTIFS DE SOLIDARITE EUROPEENS
Groupe B.A.S.T.A., Münster, Allemagne ; Les trois
passants, Francia ; Plate-forme de Solidarité avec le Chiapas et le Guatemala
de Madrid, España; Caracol Solidario, Franche-Comté ; Espoir Chiapas/Esperanza
Chiapas; Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte, Paris ;
Collectif Chiapas – Ariège ; Comitat Chiapas – Aude ; Nodo solidale, Italie;
centre social « le Passe Partout » et « Groupe CafeZ », Liège (Belgique).